Pleurer, je la connais cette chanson. Tellement que j’aurais pu l’écrire moi-même. Trop souvent, j’ai trouvé un certain réconfort dans la peine. Au secondaire, je pleurais presqu’à tous les soirs dans ma chambre, seule… J’ai ce nounours que ma mère m’avait acheté. Je l’avais tellement voulu, et je me rappelle de la joie que j’ai ressenti quand elle me l’a finalement donné. Ce nounours m’accompagnait dans ma tristesse, je le serrais tellement fort contre moi… Je l’ai toujours gardé. Encore aujourd’hui, quand je le prends, je le serre et les larmes coulent toutes seules parce que ça me rappelle toutes les soirées qu’on a passé «ensemble» à faire sortir cette tristesse qui bouillonnait en moi.
Quand je suis devenue mère, j’ai dû faire face à cette tristesse à nouveau. La joie qui accompagne l’arrivée d’un bébé dans sa vie a laissé place à de plus en plus de peine. Quelques jours après la naissance de ma fille, j’étais celle que je ne voulais pas devenir. La maman qui pleure. Ma fille a eu une année difficile à cause du fantastique reflux. Évidemment, de voir souffrir ton bébé pendant 10 mois et d’être dans l’impuissance totale, ça te fait sentir mal. Très mal. 18 mois plus tard, la peine a fini par finir, mais elle est toujours en moi. Quand mon fils a eu ses premiers symptômes de reflux (yessss chanceuse de même toé chose!), j’ai eu peur de retomber. J’ai eu des épisodes difficiles, mais j’ai réussi à rester la tête hors de l’eau.
Ce soir, ma fille de bientôt 3 ans me dit: «maman, toi tu pleures dans la salle de bain.»
Ouf. Mon coeur fragile s’est égrainé un petit peu. Ma fille s’en rend compte maintenant quand je suis triste. Elle essaie de me remonter le moral, de me sourire et de me câliner… Et ça, vous dire… Ça fait mal en dedans de voir que ma fille soit témoin de la «faiblesse» de sa mère. Je suis la maman qui pleure, parfois parce que je suis fatiguée, exténuée, dépassée… Tsé quand ta grande veut pas s’habiller, fait le bacon mou et crie, pendant que son frère pleurait déjà depuis 30 minutes avant même qu’on l’assoie dans son siège… ben maman, des fois, elle crie. Elle le sait très bien qu’il faut pas crier. Mais elle est désespérée. Fait qu’elle tourne le dos et elle pleure en silence. Quand ta fille te dit qu’elle ne veut pas aller à la garderie, qu’elle veut rester à la maison avec maman, mais que tu sais que tu es incapable de t’occuper d’un bébé qui pleure ET d’une petite fille dans sa crise du Terrible Two, ben tu es encore la maman qui pleure. Dans son char, en avant d’la garderie (un classique). La maman, quand elle a eu une dure journée, elle veut pas que sa fille la voit pleurer, donc elle s’enferme dans la salle de bain en haut en espérant que sa fille ne l’entende pas… Être mère, ça vient souvent avec ce sentiment de culpabilité, alors maman pleure parce qu’elle se sent mal de pleurer.
J’espère qu’un jour, mes enfants comprendront que toutes ces larmes, je les ai versées parce que je voulais être la meilleure maman du monde, mais je n’ai pas pu l’être parfois. Je suis choyée d’avoir des enfants aussi merveilleux, et malgré ces petits moments de tristesse, mes enfants et mon conjoint me comblent de bonheur et réchauffent mon coeur à coup de bisous et de gros câlins. Vous n’êtes pas seules, les moms, à avoir vos chagrins, et il n’y a rien de mieux que s’en parler pour s’encourager à voir une journée à la fois, et, peut-être, réussir à remettre un petit sourire, une lueur d’espoir dans les yeux d’une maman qui pleure.